Tous les supports intégrés à cette séquence sont disponibles ici.
Durée : 2h
Objectifs Apprendre à reconnaître différents types de désordres de l’information, en s’interrogeant notamment sur l’intentionnalité de l’émetteur. Savoir utiliser efficacement divers outils pour évaluer la fiabilité d’une information.
Entrées programmes
Français 2de professionnelle S’informer, informer : les circuits de l’information
HGGSP 1re générale S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication
Objectif : catégoriser différents types de désordres de l’information en fonction de l’intentionnalité de leurs émetteurs.
Modalités : en classe entière puis en petits groupes.
Durée : 1h.
Matériel : quatre documents illustrant différents types de désordres de l’information.
Pour commencer, l’enseignant rappelle aux élèves comment se définit l’information, en la distinguant notamment de l’opinion et de l’anecdote, et en insistant sur l’importance de la fiabilité de la source.
Il recueille ensuite les représentations des élèves sur ce qu’est pour eux la désinformation : Quelle forme peut-elle prendre ? Qui la produit ? Quand y ont-ils été confrontés ? L’enseignant donne une définition précise, en insistant sur le fait qu’elle ne se limite pas aux « fake news » et aux réseaux sociaux, et qu’elle peut être nuancée par la notion de mésinformation (diffuser de bonne foi une information erronée).
Dans un second temps, il présente aux élèves un tableau recensant les différents modes d’action de la désinformation, dont la dangerosité croît en fonction de l’intentionnalité des émetteurs.
En bas de l’échelle de nuisance, se trouve l’erreur journalistique, commise de bonne foi (à condition que celle-ci soit rectifiée), qui ne correspond pas à une intention de nuire : il s’agit de mésinformation. On précisera que la parodie et le canular peuvent être sources de malentendus lorsqu’ils sont mal interprétés par les récepteurs de l’information, même si l’intention de l’émetteur est simplement de faire rire.
Viennent ensuite les contenus trompeurs ou fabriqués, puis la propagande, avec une dangerosité croissante de l’intentionnalité, qui va jusqu’à l’endoctrinement que l’on peut retrouver avec certaines théories complotistes.
Après avoir guidé les échanges autour de ce tableau, l’enseignant propose aux élèves une mise en pratique et présente des documents que les élèves doivent associer à un mode d’action et à une intentionnalité, répartis en petits groupes. Le tableau est mis à disposition pour étayer leur réflexion.
À titre d’exemple, les quatre documents suivants vous sont proposés. Pour faciliter la réflexion des élèves, on rappelle le contexte de publication de chaque document.
Document 1 : « Comment la mort de Paul Quilès a été annoncée par erreur », 2021
Le décès de l’homme politique a été annoncé dans la presse… trois jours avant qu’il n’arrive effectivement. Ici, il s’agit d’une erreur journalistique (Paul Quilès était très malade et plusieurs sources avaient annoncé et confirmé sa mort) ; il n’y a aucune intention de nuire.
Document 2 : « Affaire Djokovic : en réponse à l’Australie, le gouvernement Serbe expulse 2 kangourous du zoo de Belgrade », 2022
Le Gorafi est un site à but humoristique qui détourne l’actualité. Ici, « l’information » autour de l’affaire Djokovic – le tennisman serbe, non vacciné, n’a pas été autorisé à participer à l’Open d’Australie – est évidemment fausse et ne vise qu’à amuser.
Document 3 : « Justin Trudeau a-t-il avoué avoir payé la presse pour bénéficier d’un traitement médiatique favorable ? », 2022
Ici, une plaisanterie du premier ministre canadien a été coupée et détournée de son contexte initial avant d’être diffusée sur les réseaux sociaux. Il s’agit donc d’une action entrant dans la catégorie « contenu trompeur ou manipulé » avec l’intention de nuire à Justin Trudeau pour, finalement, influencer l’opinion.
Document 4 : « Pizzagate : la rumeur complo-tiste débouche sur un coup de fusil », 2016
Le « pizzagate » est une vaste entreprise de désinformation visant à déstabiliser Hillary Clinton, alors en campagne présidentielle face à Donald Trump, en faisant croire à l’existence d’un réseau pédophile organisé par des membres de son entourage et dont le « siège » aurait été une pizzeria de Washington. Le mode d’action initial est donc la propagande, qui a abouti à une théorie du complot avec des conséquences dramatiques puisqu’un homme a ouvert le feu sur le restaurant en étant persuadé de la réalité des faits.
Pour conclure cette séance, l’enseignant organise un retour collectif, en confrontant les réponses proposées par les différents groupes pour chaque document.
Objectif : évaluer le degré de fiabilité d’une information.
Modalités : en classe entière puis en petits groupes.
Durée : 1h.
Matériel : trois publications trompeuses ou fallacieuses issues de médias sociaux.
En classe entière, l’enseignant fait tout d’abord un rappel des notions abordées lors de la séance précédente : la désinformation est une notion complexe, avec différents modes d’action. Le degré de nuisance des infox dépend en grande partie de l’intentionnalité de leur émetteur, mais également de l’interprétation du récepteur et de la résonance qu’elles trouvent sur les plateformes et dans les médias traditionnels.
L’enseignant propose ensuite aux élèves de travailler sur des publications issues des médias sociaux. Ils devront effectuer une démarche d’évaluation de la fiabilité de ces informations, à l’aide des éléments d’analyse présentés précédemment, mais également des outils numériques de vérification.
Trois documents sont présentés ici à titre d’exemple.
En groupe, les élèves décrivent la démarche et les outils utilisés, s’interrogent sur la source de l’information, les intentions réelles des émetteurs ainsi que sur le degré de dangerosité de ces publications.
Cette publication utilise un extrait de jeu vidéo n’ayant aucun rapport avec le conflit en Ukraine. Il y a donc une manipulation de l’image (la qualité de la vidéo a été volontairement réduite afin de masquer le subterfuge) et création d’un faux contexte à des fins de propagande.
Cette publication utilise une vidéo authentique du président ukrainien, mais en modifiant le contexte et la légende, l’émetteur sous-entend que l’ensemble des déclarations de ce dernier sont fabriquées, donc fausses. Il s’agit de propagande afin de décrédibiliser la communication du gouvernement ukrainien sur le conflit en cours avec la Russie.
Cette vidéo truquée, relayée par le compte Twitter du Parlement ukrainien, montre Paris bombardé. L’objectif est ici d’effrayer les citoyens occidentaux afin de susciter leur implication dans le conflit, à des fins de propagande. Si la vidéo s’affiche clairement au départ comme un montage, sa circulation sur les différentes plateformes numériques sans précision de contexte a pu entraîner des interprétations erronées.
À l’issue des recherches des élèves, l’enseignant organise une mise en commun pour confronter les résultats obtenus. Ces exemples, semblant parfois anodins, participent à la construction de récits de propagande, allant jusqu’aux théories complotistes, afin d’influencer l’opinion publique.
Xavier Gillet, formateur CLEMI et Elsie Russier, responsable du pôle Labo formation du CLEMI