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Comment repérer des énoncés de nature ou à tendance complotiste? À quels indices les reconnaît-on? Quels arguments, souvent fallacieux, les sous-tendent? Cette activité propose de prendre le temps de déplier le mille-feuille argumentatif propre aux discours complotistes en étudiant des vidéos qui en parodient les codes.

Il ne s’agit pas ici de débattre de la véracité de ces théories, mais plutôt de permettre aux élèves d’affûter leur esprit critique, de prendre du recul. Il faut également être à l’écoute des pratiques informationnelles des élèves pour adapter le contenu et la démarche du cours.

Prérequis : maîtriser les notions de source et d’information, de parodie ; savoir différencier complot et théorie du complot.

Déroulement

Visionnage / Lecture d’un document complotiste parodique

Des exemples satiriques :

– Le complot chat (réalisé dans le cadre du programme «Mon Œil !» par W. Laboury avec les élèves de 2GA du Lycée M. Vionnet à Bondy) [En ligne].

– Vidéos du Before du Grand Journal [En ligne].

Les vidéos de genre “parodie” sont à privilégier pour éviter de contribuer en classe à la propagation d’infox, ainsi que d’éventuelles polémiques difficiles à gérer, même si le thème même du complotisme peut engendrer du débat.

Compréhension et analyse

Au fil de l’analyse, on fait élaborer une carte mentale à trois branches : les procédés audiovisuels ; les procédés argumentatifs ; les procédés rhétoriques.

Premier questionnement : que cherchent à démontrer le ou les auteur(s) ? L’enseignant vérifie la compréhension de la thèse même du complot par les élèves. Quelle impression est créée ? Avant d’entamer une analyse approfondie, cette question amène les élèves à repérer les intentions, et comment elles se traduisent : voix grave, synthétique, ton adopté, musique, effets sonores, montages, morphing, etc.

Deuxième questionnement : Quelles sont les preuves avancées ? Les élèves relèvent les différents procédés rhétoriques et argumentatifs. Ils peuvent regarder à nouveau librement la vidéo.

Procédés argumentatifs récurrents :

– une base reposant sur des faits authentiques (partant de la réalité, s’appuyant sur de vrais documents) ;

– un mille-feuille argumentatif (accumulation rapide de preuves, d’arguments) ;

– l’évocation de l’absence de hasard, d’où des corrélations présentées comme des causalités ;

– des formes visuelles (paréidolie), des chiffres ou des mots décelés par des calculs, des superpositions, des arrêts sur image ;

– une seule interprétation fournie, celle qui conforte la thèse principale ;

– une suite logique entre des événements difficiles à comprendre ;

– une promesse de contre-vérité ou le démenti de la version officielle de l’explication des faits ;

– une vérité détenue par l’auteur, de façon quasi exclusive ;

– des arguments invérifiables ;

– des coupables récurrents, difficiles à interroger (élites, groupes obscurs et/ou êtres appartenant au champ de la croyance) ;

– l’idée des citoyens bernés, des “moutons”.

Procédés rhétoriques récurrents :

– un usage de champs lexicaux de la vérité, de la sécurité ;

– un discours manichéen, sans nuances ;

– un discours chargé d’émotion (violence, haine, colère) ;

– une part d’implicite (des causes et/ou des accusations que le public doit deviner) ;

– un locuteur impliqué dans son propos (subjectivité) ;

– un spectateur interpellé (utilisation de la 2ème personne), parfois exhorté à répandre le message ;

– des expressions types, parfois stéréotypées.

Recul critique

Répartition des élèves par groupes. Chaque groupe s’occupe d’un procédé utilisé dans la vidéo : à leur avis, pourquoi ce procédé est-il utilisé ? Quel effet produit-il ? En quoi peut-il contribuer à convaincre le public ? Qu’en pensent-ils eux-mêmes ? Ont-ils déjà été confrontés à ce type de procédé ?

Synthèse

Retour sur l’essentiel à retenir de la séance pour conserver un esprit critique face aux publications rencontrées, en répondant à la question suivante : à quoi reconnaît-on une publication, du moins un énoncé à tendance complotiste ?

Lionel Vighier, professeur de lettres et chargé de missions EMI (académie de Versailles)

Objectifs

  • Reconnaître une publication de nature complotiste.
  • Identifier les éléments rhétoriques d’un discours complotiste.

Entrées programmes

  • EMI cycle 4
    Exploiter l’information de manière raisonnée
  • Français 4e
    Comprendre l’importance de la vérification et des sources, la différence entre fait brut et information, les effets de la rédaction et du montage
  • Histoire et géographie 1re GT
    S’informer : un regard critique sur les sources et modes de communication
  • EMC 1re GT
    Fondements et fragilités du lien social

Ressources

  • OUATIK, Bouchra. « Oui, il y a eu de véritables complots », Radio Canada, 30 mai 2020 [en ligne]
  • BRONNER, Gérald. La démocratie des crédules. PUF, 2013
  • PRÉVOST-SORBE, Karen. Réagir face au complotisme, en classe. Fiche info du CLEMI [en ligne]
  • « Qu’est-ce que le complotisme ? », Vidéo Décod’actu France Télévisions [en ligne]
  • « La théorie du complot », Les Clés des médias, France Télévisions / CLEMI [en ligne]
  • VIGHIER, Lionel. Carte mentale des procédés du discours complotiste [en ligne]

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