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Pour qui veut travailler avec une photographie de presse, l’approche doit être double. Il s’agit à la fois de l’inscrire dans un projet d’enseignement, souvent disciplinaire, et de veiller à ce que le projet et les apprentissages concernés favorisent une éducation à l’image.

Extrait de Marguerite Cros, Yves Soulé, Regarder le monde. Le photojournalisme aujourd’hui, Scérén-CNDP/CLEMI, coll. Éducation aux médias, 2010, 80 p.

DES DÉMARCHES D’APPRENTISSAGE

Trois démarches sont possibles :

  • Isoler le travail sur l’image d’actualité : séance particulière ; séance programmée en fin de séquence ; séance évaluation/prolongement.
  • Intégrer le travail dans une séquence disciplinaire (par exemple au lycée, : « Convaincre, persuader, délibérer » en Lettres).
  • Inscrire le travail sur l’image en réponse à un événement ou à une actualité particulière.

Ces démarches correspondent à des conceptions qui privilégient un enseignement cloisonné, intégré ou réactif à un incident. Elles colorent fortement la nature des savoirs sur l’image.
Chaque formule mérite d’être testée. L’essentiel est de faire acquérir aux élèves les outils et les postures de lecture adéquates pour comprendre que l’image doit être considérée comme un outil d’enseignement (fonction illustrative), un moyen d’expression (fonction créative) et un objet d’étude (fonction sémiotique et médiatique).

LES INCONTOURNABLES DE L’ANALYSE

Des données invariantes fondent l’analyse des photographies d’actualité. Mais attention, ces invariants n’ont de pertinence que s’ils sont problématisés et relativisés en fonction de la discipline, de la séquence, du contexte d’apprentissage, des élèves. De plus, il n’y a pas de hiérarchie ni de chronologie entre chaque type de données ; il appartient à l’enseignant de mobiliser celles qu’il estime nécessaires à l’analyse de la photo.

  • Les données « source » précisent les circonstances de sa réalisation : crédit, copyright (agence de presse, agence photographique, nom du photographe) ; date et nature du support médiatique où paraît la photographie ; renseignements sur le commanditaire (agence, journal, maison d’édition, entreprise), sur le photojournaliste (professionnel, amateur, indépendant…) ; date et lieu de réalisation de la photographie ; légende.
  • Les données formelles sont difficiles à analyser par des enseignants qui n’ont pas les savoirs requis : modes de réalisation et de tirage (photographies analogiques / numériques / 3D), poids, définition, résolution, dimension, mise en page (positionnement de l’image dans la page support ; relation avec les autres registres sémiotiques : textes, images, schémas, graphiques ; multi-fenêtrage).
  • Les données plastiques nous font entrer dans le champ de l’expérience esthétique : format, composition (plans, cadrage), traitement de la lumière, palette graphique (couleurs), retouches photographiques.
  • Les données iconiques portent sur ce que l’image nous donne à voir : figurativité (portraits, objets, motifs) ; narrativité (temps, espace, « histoire ») ; affectivité (sentiments, émotions, ressentis).
  • Les données informationnelles : sujet/thème ; angle ; point de vue ; rapport à l’actualité (une photographie est toujours « située » dans un « processus d’événementialisation » : différence entre événement, actualité, information).
  • Les critères d’analyse, c’est-à-dire ce que je vois dans l’image, sa compréhension, son interprétation : l’effet de réel ; la part culturelle (intericonicité, « reconnaissance », stéréotypie, sens commun, transgression, parodie/pastiche) ; les intentions (rapporter, commenter, provoquer, référer, promouvoir) ; la part rhétorique (les figures de style iconographiques) ; la part symbolique.
  • Les données textuelles : la légende et le(s) texte(s) ou article(s) associé(s) interagissent avec les effets produits par la photographie.

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