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Tous les supports intégrés à cette fiche sont disponibles ici.

Niveaux de classe : 2de et 1re HGGSP
Durée : 2 heures.

Objectif : comprendre les spécificités qu’offre le roman graphique comme support de l’information.

Entrées programmes
EMC, 2de GT
Droits, libertés et responsabilité.
HGGSP, 1re GT
S’informer : un regard critique sur les sources et les modes de communication.

La bande dessinée, ou le roman graphique, peut être un format d’information et permet de comprendre autrement un fait d’actualité.

SÉANCE 1

Objectifs : identifier les différents supports de l’information et comprendre la fabrication de l’information grâce à la bande dessinée. Durée : 1 heure. Modalité : en classe entière. Matériel : le diaporama à projeter pour l’enseignant et la fiche activité pour les élèves.

Étape 1. Quand le roman graphique traite d’un fait d’actualité

L’enseignant identifie avec les élèves les différents supports de l’information (presse, radio, télévision, web) et leur demande s’ils connaissent d’autres moyens d’expliquer ou de raconter des faits réels. Les élèves citent des films, des séries, des bandes dessinées. L’enseignant introduit la séance en rappelant la différence entre fiction et documentaire, et en précisant que des œuvres graphiques peuvent donc être des supports d’information.

La couverture du roman graphique Crayon noir : Samuel Paty, histoire d’un prof, de Valérie Igounet et Guy Le Besnerais (StudioFact Éditions) est projetée au tableau. Les élèves identifient le titre, le sous-titre, les auteurs. L’enseignant demande à quelle actualité renvoie ce roman graphique et leur demande ce qu’ils savent de l’attentat dont a été victime Samuel Paty. Les faits sont rappelés à partir d’un encart publié par France Inter. Les élèves décrivent et analysent la première de couverture : les couleurs (noir, bleu, gris), les élèves qui travaillent dans une atmosphère décontractée et la silhouette blanche qui se découpe et ressort de la couverture. Elle renvoie au sous-titre « Samuel Paty, histoire d’un prof » mais aussi, de façon symbolique, à la disparition de celuici. Elle est une référence à la photographie de Samuel Paty diffusée au moment de l’hommage national. C’est le miroir de la photo qui a été prise du point de vue des élèves.

Étape 2. Comprendre la fabrication de l’information grâce à la bande dessinée

Crayon noir, édité par Studiofact, retrace les faits qui ont mené à l’attentat contre Samuel Paty. Les élèves comprennent à la fois comment le roman graphique devient une source d’information et la démarche journalistique des auteurs. Ils découvrent le projet des auteurs par une interview de Valérie Igounet : restituer les faits avec neutralité, s’appuyer sur des témoins, des documents, respecter même la couleur de l’écharpe ou des murs de la classe. Ce roman graphique est le fruit d’une enquête de trois ans.

Les élèves analysent comment cette démarche d’enquête est retranscrite dans le roman graphique. À partir des planches des pages 110-111, les élèves recherchent les sources et les documents sur lesquels les auteurs se sont appuyés pour construire l’information : le procès-verbal de la plainte, le cahier de cours de Samuel Paty, les messages et vidéos consultés par le terroriste, les témoignages de la principale du collège et du collègue qui l’accompagne.

Les élèves remarquent le procédé choisi par les auteurs pour indiquer au lecteur qu’il lit les mots d’un témoignage : par exemple, la silhouette de la personne interrogée (l’ami de Samuel Paty) est représentée à la page 34. Puis, à partir des pages 54-55, les élèves analysent comment les auteurs contextualisent les événements qu’ils racontent. Au préalable, l’enseignant aura rappelé le contexte des planches pages 110-111 : c’est le moment où Samuel Paty, accompagné de la principale, va porter plainte suite à la campagne de harcèlement et de diffamation dont il est victime.

L’enseignant conclut la séance en faisant le parallèle entre le roman graphique et la démarche de la construction de l’information : les sources questionnées et croisées, la précision dans la restitution des faits, la contextualisation des événements pour les comprendre. Il peut terminer la séance en signalant la mention en avertissement, en deuxième de couverture, qui évoque les sources et leur protection.

SÉANCE 2

Objectif : comprendre les spécificités qu’offre le roman graphique comme support de l’information. Durée : 1 heure.
Modalité : en classe entière.
Matériel : le diaporama à projeter pour l’enseignant et la fiche activité pour les élèves.

L’objectif de cette séance est d’identifier ce que le roman graphique et le dessin peuvent apporter de plus qu’un média traditionnel. Comment dessiner l’information ? Quels sontles choix des auteurs ? Comment le dessin peut-il apporter des informations que les supports traditionnels de l’information ne peuvent pas donner ?

Étape 1. Rendre l’information accessible

L’enseignant revoit avec les élèves les caractéristiques de la bande dessinée (dessin, texte, cases, planches, bulles…) et ce qu’apporte le dessin : la facilité de lecture et de compréhension, il transmet des idées, des émotions en se passant des mots. Les auteurs ont fait le choix du roman graphique pour rendre accessibles les faits très complexes qui ont conduit à l’assassinat de Samuel Paty.

À partir de la planche de la page 97, les élèves comprennent comment la BD peut rendre l’information plus claire. Le dessin permet de mettre sur le même plan des actions qui se déroulent au même moment, mais à des endroits différents, ce qui est plus difficile pour les récits écrits, audio ou vidéo. Les élèves décrivent et analysent la planche, ils sont attentifs à la composition, aux couleurs. Avec l’enseignant, ils identifient les deux personnages et la symbolique utilisée. En haut, Audrey Fouillard, la principale du collège, sur un fond clair, et les messages internet envoyés aux parents et aux professeurs ; dans la moitié basse de l’image, Brahim Chnina qui échange avec le terroriste, la noirceur qui arrive et s’étend en bas de la page. Ils remarquent la lecture en Z qui conduit inexorablement aux mots du terroriste écrits en rouge sur fond noir.

Étape 2. Par le dessin, informer autrement

Comment le roman graphique permet-il de présenter et d’expliquer l’information autrement, en se passant de mots, pour faire comprendre des faits très complexes ? L’enseignant rappelle le contexte des planches des pages 108-109 : Samuel Paty est victime d’une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux et menacé, car il est accusé d’être raciste. Les élèves décrivent le dessin, sa composition, ses couleurs sombres, le mouvement qui suit le sens de lecture de la gauche vers la droite, avec le mot « raciste », emporté et porté par la vague composée de mains anonymes tenant des téléphones et qui s’abat sur le collège du Bois-d’Aulne. Après cette étape indispensable, les élèves interprètent les planches : que comprennent-ils ? Que ressentent-ils ? Quel titre proposeraient-ils pour ces deux pages ? L’enseignant insiste sur le fait que ce dessin ressort du roman graphique, car il est sur une double page, avec très peu de texte. Avec la vague dessinée, on sent l’inexorable en marche. Le dessin, en quelques traits, permet de montrer le harcèlement qui se déchaîne sur les réseaux sociaux et la rumeur inarrêtable qui se propage. Il termine en évoquant la référence à La Grande Vague de Kanagawa de Hokusai (1830 ou 1831).

Dessiner l’information revient aussi à faire des choix. Comment représenter l’attentat ? Montrer ou ne pas montrer ? Comment représenter l’irreprésentable ? Les élèves décrivent les deux planches de l’attentat et interprètent ce choix du noir total : ils doivent parvenir à faire émerger l’idée que ne pas montrer l’irreprésentable sert à la fois à protéger le lecteur et à respecter la mémoire de Samuel Paty.

La séance se termine sur ce que le roman graphique peut notamment montrer : Samuel Paty dans son quotidien d’enseignant avec ses élèves, ses collègues. À partir des planches des pages 28 et 50, les élèves peuvent décrire Samuel Paty, le professeur qu’il était, faisant des blagues en cours, avec ses écouteurs, sa capuche, son écharpe, qui boit son café dans une tasse Star Wars et qui joue au ping-pong. La discussion collective peut se clore sur le fait que le genre du roman graphique permet d’incarner la vie d’un personnage dans un événement dramatique.

L’enseignant conclut la séance en demandant aux élèves de faire le bilan (avec des mots-clés ou dans un paragraphe rédigé) des spécificités qu’offre le roman graphique comme support d’information : rendre plus accessible une information complexe grâce aux dessins, toucher un public différent, mettre en image une simultanéité d’événements se déroulant en des lieux différents et, surtout, faire surgir des émotions propres à l’œuvre artistique. L’enseignant ne manquera pas de mettre également l’accent sur la part de subjectivité qu’implique ce format, la mise en scène et la narration influant de fait sur la perception de l’information.

Delphine Allenbach-Rachet, professeure d’histoire-géographie (académie de Paris)

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