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Sur Letot Show, la webradio du collège Letot à Bayeux (académie de Normandie), on parle de sport mais aussi de nombreux autres sujets. Du club “Reporters de l’Association de Sportive” à la webradio aux sujets variés, Sophie Le Parlouër, professeure d’EPS, explique l’évolution et le fonctionnement de ce média qu’elle anime avec ses collègues Philippe Dufour, professeur de technologie, Gwenola Landais, professeure d’histoire-géographie, et Yann Thomas, assistant d’éducation.

ON A AIMÉ

Les ambiances sonores des émissions

Dans l’émission spéciale ski, l’auditeur suit les élèves de 5e pendant leur voyage scolaire à Chatel. Dans le bus, sur les pistes, tout est fait pour nous emmener à la montagne grâce aux sonores bien choisis : les crissements des pas dans la neige, les chants des profs dans le bus, le duplex réalisé en haut des pistes et bien sûr quelques extraits cultes des Bronzés font du ski.

La place accordée à l’expression de tous les élèves

Qu’il s’agisse de Tina, élève ukrainienne originaire d’Odessa, qui raconte son vécu (grâce à la traduction d’une professeure d’anglais) ou des élèves d’ULIS et de SEGPA, qui présentent leurs projets, la voix de tous les élèves est portée par cette webradio.

L’organisation efficace des séances

Dans l’émission du 3 octobre, Manec et Lylou présentent avec talent les différentes rubriques de la radio Letot Show. A partir d’un modèle de conducteur plastifié, ils complètent ce qu’ils doivent dire au feutre velleda puis recopient le texte pour se l’approprier. Une méthode efficace qui leur permet d’être opérationnels à l’antenne rapidement.

L’interview

“CE QU’AIMENT FAIRE LES ÉLÈVES, C’EST PARLER ET ÊTRE ACTIFS”

Sophie Le Parlouër est professeure d’EPS au collège Letot. Elle forme avec Philippe Dufour, professeur de technologie, Gwenola Landais, professeure d’histoire-géographie, et Yann Thomas, assistant d’éducation, l’équipe de choc qui s’occupe de la webradio Letot Show. Du club “Reporters de l’Association de Sportive” à la webradio dynamique qui traite de nombreux sujets, elle nous explique l’évolution et le fonctionnement de ce média scolaire.

Quelle est l’histoire de cette webradio ?

Cette histoire commence il y a 13 ans. Au départ on avait monté un club “reporters de l’AS” : l’objectif était de mettre les informations concernant l’association sportive sur le site du collège avec les convocations pour toutes les semaines. L'autre objectif était de préparer les élèves à la vie associative en leur faisant comprendre ce qu’étaient le rôle de trésorier, le rôle de président de club… Et puis, il y a 6 ans, on a eu une dotation en tablettes au sein de l'établissement, les reportages se sont un petit peu étoffés. On a fait des reportages vidéos qui permettaient de relater ce qui se faisait au sein de l’établissement. Et on a suivi une formation via l’UNSS départementale sur la webradio. Mes élèves qui ne faisaient que du film pour l’instant ont été vraiment enchantés par cette formation et ils m’ont demandé si c’était possible de se lancer dans la webradio. On s’est donc dit : “pourquoi pas ? On va se former avec vous”. Et c’est comme ça que l’histoire a débuté.

Pourquoi avoir choisi le média radio ?

Moi je pars des envies des élèves. Au départ, on avait un élève qui était très littéraire et qui voulait faire un journal. On a donc fait un journal écrit. Ensuite avec les tablettes, ils ont voulu faire les montages, on pouvait faire des reportages qui étaient sympas et on a appris à monter. Les élèves sont dans une période où l’image de soi est parfois assez compliquée à assumer et être juste au micro ça leur permettait de pouvoir s’exprimer sans qu’on puisse voir qui parle. Ils ont donc tout de suite accroché et du coup on est parti sur la radio.

Comment avez-vous acquis le matériel ?

Pour le premier studio de radio, on était avec des ipad et on enregistrait via des micro-cravates. On allait faire des petits reportages et ensuite, on montait directement sur l’iPad. Après, Philippe, notre prof de techno, disait que le son n’était pas forcément très bon. C’est là qu’il nous a fabriqué un carton avec de la mousse à l’intérieur où il avait mis un vieux micro, comme dans les années 60, et ça a permis d’avoir une meilleure qualité de son. Canopé nous a ensuite prêté un studio de radio qui ressemblait exactement à celui qu’on a ici. On l’a testé pendant 15 jours, on l’a vraiment trouvé très fonctionnel et assez facile d’utilisation. Du coup, on a investi dans ce matériel.

Comment fonctionne la radio en ce moment ?

Le club webradio fonctionne le mardi de midi à 13h. Pour pouvoir s’informer, on a un petit groupe Whatsapp qui est aussi développé sur l’ENT pour ceux qui n’ont pas de téléphone. Certains jours il y a beaucoup de messages mais au moins les idées fusent. On en est à 35 élèves inscrits au club webradio. C’est très actif, il y a pas mal de monde.

Comment se passe une séance type du club webradio ?

Quand les élèves arrivent à midi, on fait une conférence de rédaction, on voit qui fait quoi dans chaque rubrique. Cela permet de pouvoir distribuer le travail à chacun en disant : “c’est toi qui vas être enregistré en premier, toi en second, donc tu as 10 minutes pour pouvoir être prêt. Ton texte doit être nickel. Si tu veux, tu vas répéter ici”. Ensuite chaque élève sait ce qu’il a à faire donc chacun va travailler dans son groupe. Nous, les enseignants, on tourne en fonction des besoins des élèves pour pouvoir les aider à rédiger leur texte ou à préparer quelque chose et puis après on essaie d’enregistrer au maximum. Là on perd encore un petit peu de temps sur les réglages pour que les ingénieurs se forment mais j’espère que ce sera de plus en plus fluide. Et après pourquoi pas réussir à faire un direct ? En fin d’année, cela peut être le graal si on arrive à faire ça.

Vous enregistrez toutes les semaines. Pourquoi ce choix d’un rythme si soutenu ?

On a beaucoup d’élèves et ils veulent tous faire une rubrique. Et l’information qu’on donne aujourd’hui sur ce qui s’est passé au sein de l'AS, si on la diffuse 15 jours ou un mois après, elle est un petit peu obsolète. Comme on veut vraiment être sur l’actu de l'établissement, on est obligé de faire quelque chose de régulier. Et ce qu’aiment faire les élèves ce n’est pas forcément écrire des textes, mais c’est parler et être actifs. Donc, parfois, il y a des fautes de français, parfois, les émissions ne sont peut-être pas faites comme des professionnels mais c’est à force de s’entraîner que les élèves acquièrent de l'expérience. Le plus important, c’est qu’ils aiment ça !

Qui fait les montages ?

On a essayé de s’y mettre un petit peu tous. Il y a Philippe qui est vraiment très pointu et qui fait un gros travail là-dessus. Moi j’essaye de dégrossir au maximum pour qu’il ait moins de travail à faire. On a aussi formé les élèves pour qu’ils puissent le faire eux-mêmes.

C’est très chronophage de faire ce montage et si les élèves arrivaient à être un petit peu plus autonomes dessus, ça nous enlèverait vraiment un sacré tronc d’arbre du pied.

Comment la radio est-elle diffusée ?

Quand on avait le pod académique, on avait créé une chaîne sur laquelle on mettait tous les sujets qu’on avait faits, ce qui fait que les élèves pouvaient, via l'ENT, accéder à tous les podcasts. Je les mets aussi sur le site du collège. On a compris aussi comment on pouvait utiliser l'armoire [électrique] de l’établissement pour pouvoir diffuser la webradio au sein de tout l'établissement, dans la cour et en même temps dans les locaux. C’était tout simple, il y a deux petites fiches [électriques] à brancher derrière et il y a juste l'ipad à brancher, ce qui permet de pouvoir diffuser l’émission au sein de la cour. Cela fait deux fois qu’on la diffuse, il y a encore des réglages de son à faire mais ça va être pas mal. Les enfants sont vraiment fiers de pouvoir s’entendre en réel dans la cour. Ce sera tous les 15 jours ou toutes les 3 semaines en fonction des émissions qu’on va préparer. Ce sera certainement le midi entre 13h et 13h20, à un horaire où ça gêne le moins les gens.

Quelle place vont prendre les Jeux Olympiques et Paralympiques dans votre média cette année ?

L’établissement est labellisé “Génération 2024” et la ville de Bayeux a été aussi labellisée “Terre de Jeux 2024”. La ville va recevoir la délégation des réfugiés : on va essayer de travailler sur cet accueil des réfugiés pour leur préparation aux Jeux Olympiques et, le 30 mai, la flamme olympique va venir sur Bayeux. On va donc avoir de nombreux moments forts pour ces JO. Et on va essayer d’associer chaque élève : au sein de notre groupe, on a par exemple un élève myopathe qui se donne comme objectif de faire une rubrique sur les jeux paralympiques. Il va travailler là-dessus toute l’année.

Tu es professeure d’EPS, en quoi c’est un atout pour un média scolaire ?

Être prof d’EPS nous oblige à gérer les groupes, à gérer les rôles de chacun. Quand on fait cours, chacun doit avoir une mission différente. Donc c’est vrai qu'on a l’habitude de gérer une organisation. Ce côté peut-être un peu directif permet aux élèves de ne pas s’occuper de tout ce qui est organisationnel, de laisser libre cours à leur imagination pour pouvoir composer et faire toutes ces choses.

Est-ce que l’accompagnement de cette webradio a eu un impact sur ton enseignement ?

J’ai appris au sein de l'AS reporters à faire des montages. Je l’utilise au sein de mes cours : ça me permet de pouvoir projeter des vidéos pour les élèves, d’être vraiment au point au niveau multimédia pour que ce soit le plus attractif possible. Et puis cela permet, quand on a des élèves qui ont des inaptitudes, d’avoir des choses à leur faire faire pendant les cours : ils peuvent être utiles et produire quelque chose qui sera réutilisé ensuite. Par exemple, pendant la Journée nationale du sport scolaire, on organise pas mal d’activités pour que les élèves découvrent toutes les activités qu’on fait au sein de l’établissement. On avait des élèves qui étaient dispensés, qui avaient des inaptitudes, on les a donc formés à la webradio et ils ont fait des interviews.

Vous avez participé au concours Médiatiks : en 2022, vous étiez 3ème dans votre académie ; en 2023, vous avez gagné la phase académique et avez participé à la phase nationale. Comment avez-vous vécu cela ?

Les élèves étaient vraiment très heureux, ils étaient super fiers. Surtout que, l’année où on a fini 3ème, c’était l’année où on était encore dans notre boîte de carton donc ça leur donnait envie de développer encore plus la radio. On essaie de tenir compte des remarques [du jury sur la fiche-conseil] pour pouvoir améliorer les choses.

Raconte-nous un moment important que tu as vécu grâce à la webradio.

Dans le cadre de l'anniversaire du débarquement, des élèves ont interviewé des vétérans qui avaient 100 ans, 105 ans pour certains. C'était l’année dernière au cimetière britannique. Quand ils sont venus au sein de l’établissement aussi, il y a eu tout un reportage qui a été fait sur eux, c’était assez émouvant. Les vétérans étaient fiers, certains avaient même les larmes aux yeux de se faire interviewer par des jeunes.

Que pourrais-tu dire à un professeur qui hésiterait à se lancer dans un média scolaire ?

Ce club apporte énormément aux élèves : à la fois sur la confiance qu’ils peuvent avoir en eux, à la fois sur le développement de la prise d’initiative, de la responsabilité donc ça c’est vraiment des choses très importantes. Au niveau de la fluence aussi, pour travailler l’expression orale, c’est vraiment très bien. Le petit côté négatif, c’est que ça prend énormément de temps. Mais quand je vois la fierté des élèves, c'est une sacrée récompense.

Propos recueillis par Maud Moussy et François Rose le 3 octobre 2023

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