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Cycle : 3

Niveaux de classe : CM1-CM2

Durée : 1h30 (Séance 1 : 30 minutes / Séance 2 : 45 minutes / Séance 3 : 15 minutes)

Objectif principal : Identifier les moyens mis en œuvre par la plateforme YouTube pour capter l’attention de ses utilisateurs. Autrement dit, pourquoi est-il si difficile d’arrêter de regarder YouTube ?

Objectif secondaire : Quel est le modèle économique de YouTube ?

Compétences à atteindre : L’élève doit être capable d’associer des vidéos à un profil d’utilisateur de YouTube et il doit en déduire une analyse de l’algorithme de YouTube.

Modalités : Pendant les séances 1 et 3, les élèves travaillent seuls avec des temps de mise en commun. Lors de la séance 2, les élèves travaillent en binôme.

Matériel : Une présentation Genially, conçue par le CLEMI, incluant toutes les vidéos, tous les sons utiles pour la séquence. Un vidéoprojecteur. De la pâte à fixe ou de la colle.

Séance 1 : une page de lecture vidéo/ une page d’accueil / une fiche d’identité à compléter >> une photocopie de chaque document par élève.

Séance 2 : une fiche d’identité de Florian ou Solange / une page de lecture vidéo de Florian ou Solange à compléter / une page d’accueil vierge / 2 pages avec des captures d’écran pour Florian ou Solange >> une photocopie de chaque document pour 2 élèves.

L’enseignant annonce la dominante de la séquence (éducation aux médias et à l’information) et l’objectif (comprendre pourquoi il est si difficile d’arrêter de regarder YouTube). Il demande aux élèves s’ils connaissent YouTube, s’ils utilisent cette plateforme et s’ils savent ce qu’on fait quand on la consulte (on regarde des vidéos). Il précise aux élèves que YouTube appartient à Google.

Avant de débuter la séquence, il est important d’expliquer le protocole selon lequel cette séquence a été conçue : le CLEMI a demandé à des utilisateurs de naviguer sur YouTube et a enregistré leur navigation. Tous les supports de la séquence sont donc réels et reflètent les usages véritables de certains utilisateurs de la plateforme.

PHASE DE RECHERCHE ET DE DÉCOUVERTE

Séance 1 : Observer l’algorithme (30 minutes)

On commence la séance en lançant une courte vidéo qui permet d’observer la navigation YouTube d’un utilisateur inconnu. Lors de l’arrêt sur image, l’enseignant distribue une photocopie de la capture d’écran en question avec des flèches. Les élèves doivent repérer certains éléments composant la page : ils notent ainsi où se trouvent le nom de la chaîne, le nombre d’abonnés, le titre de la vidéo, le nombre de vues, le pouce levé signifiant qu’on aime la vidéo et le pouce baissé indiquant qu’on ne l’aime pas.

En question bonus, on leur demande aussi s’ils connaissent la fonction du bouton Bouton de lecture automatique : il s’agit du bouton de lecture automatique (autoplay) que l’on peut activer ou désactiver. Ici ce bouton n’est pas activé donc, à la fin de la vidéo, l’utilisateur se voit proposer des vidéos. Quand ce bouton est activé, les vidéos se lancent automatiquement sans que l’utilisateur n'intervienne pour choisir ce qu’il regarde.

On complète l’observation de cette page en demandant aux élèves si l’utilisateur en question est abonné à la chaîne qu’il regarde : la mention “S’ABONNER” indique qu’il n’est pas abonné (s’il l’était, on trouverait le mot "ABONNÉ").

On reprend le fil de la lecture (sans le son afin d’observer attentivement la navigation de l’utilisateur) : on fait observer aux élèves qu’avant la fin de la vidéo l’utilisateur scrolle et change de vidéo pour regarder une autre vidéo de la même YouTubeuse. On fait aussi noter qu’entre les deux vidéos, une publicité se lance. L’utilisateur choisit ici d’ignorer la publicité. On signale que toutes les publicités sur YouTube ne peuvent pas être ignorées et qu’elles sont placées à divers endroits (au début en pré-roll, au milieu en mid-roll ou à la fin en post-roll). Pour éviter les publicités, l’utilisateur doit souscrire un abonnement particulier.

On distribue ensuite la page d'accueil de ce même utilisateur et on fait repérer les mots-clés en haut de la page d'accueil. On distribue alors une fiche d’identité à compléter avec la consigne suivante : “À partir de la page de lecture de vidéo et de la page d’accueil, devinez qui est cet utilisateur”. Sur la fiche d’identité distribuée, les élèves doivent choisir entre 2 prénoms, Arnaud et Elisa (le rond avec un E en haut à droite sur la page d'accueil donne un indice puisque c’est l’initiale de l'utilisateur), entre 2 âges (10 ans ou 65 ans) et parmi plusieurs centres d’intérêt (le jardinage, les arts plastiques, Harry Potter, la cuisine…) En observant les vidéos consultées et les mots-clés de la page d'accueil, les élèves parviennent à dresser le portrait de cette personne : il s’agit d’Elisa, 10 ans, fan d’Harry Potter et de dessin. Un son enregistré par la “vraie” Elisa se présentant permet de vérifier les hypothèses.

Séance 2 : Jouer à l’algorithme pour comprendre son fonctionnement (45 minutes)

Après cette première séance (qui peut être dissociée dans le temps des séances 2 et 3), les élèves jouent eux-mêmes à l’algorithme YouTube afin d’appréhender son fonctionnement : autrement dit, à partir d’une fiche d’identité, ils vont faire les recommandations de vidéos en faisant une sélection parmi un panel de vidéos.

Les élèves travaillent en binôme. La moitié des binômes travaille à partir du profil de Florian et l’autre moitié à partir du profil de Solange.

Le professeur distribue à chaque binôme plusieurs photocopies :

  • la fiche d’identité d’une personne réelle :

Fiche d’identité

  • une page d’accueil YouTube vierge sous forme de tablette :

Une page d’accueil YouTube vierge

  • une page de lecture de vidéo sous forme de tablette :

Une page de lecture de vidéo

  • 16 vignettes de captures d’écran (10 conviennent et 6 sont des “leurres”) afin que les élèves composent eux-mêmes les pages YouTube de ces utilisateurs :

16 vignettes de captures d’écran16 vignettes de captures d’écran (suite)

On demande aux élèves de compléter les mots-clés et de faire les recommandations des vidéos. Les élèves découpent les vignettes de captures d’écran et les positionnent où bon leur semble avec la pâte à fixe ou la colle.

On passe ensuite à la mise en commun. Lors de chaque phase de mise en commun, on écrira au tableau les mots importants (ici soulignés) afin de préparer la phase d’institutionnalisation.

Un binôme présente la page d’accueil de Florian, un autre présente la page d'accueil de Solange et on échange sur les choix effectués. Comment ont-ils choisi ces recommandations ? Qu’ont-ils écarté ? On amène les élèves à formuler que la page d’accueil a été conçue afin de proposer à l’utilisateur des vidéos sur ses centres d’intérêt.

On invite alors les élèves à observer les pages d’accueil réelles de Florian et Solange. On fait remarquer que chaque personne a une page d’accueil différente et que YouTube parvient à identifier nos centres d’intérêt en fonction de notre usage de la plateforme (et de nos abonnements). Si certaines vidéos recommandées coïncident explicitement aux mots-clés, d’autres sont moins évidentes à justifier : les deux recommandations du bas sur la page d'accueil de Florian ne correspondent pas, a priori, aux centres d’intérêt exprimées, mais sont tout de même proposées (on peut faire des hypothèses : elles ciblent un public adolescent ; elles comptent de nombreuses vues). On peut utiliser à ce moment-là la formule “algorithme de recommandation” et expliquer qu’il s’agit d’un programme informatique permettant de recommander les vidéos.

Puis on regarde les pages de lecture de vidéo de Florian et Solange. On échange à nouveau sur les choix effectués et on observe les captures d’écran réelles. Que constate-t-on ? Les vidéos recommandées sous la vidéo en cours de lecture correspondent pour la plupart à la vidéo regardée (même chaîne) ou traitent du même sujet ou d’un sujet proche. On notera qu’une vidéo humoristique est proposée sur la page de lecture de Florian et qu’une publicité pour les défibrillateurs est recommandée sur la page de Solange.

On fera aussi remarquer la présence d’un bandeau publicitaire sous les vidéos. On prolonge cette réflexion en regardant une captation de la navigation de Florian (avec une annonce publicitaire entre 2 vidéos). La plateforme se rémunère grâce aux annonces publicitaires diffusées et on aborde ainsi, après la captation de l’attention, la question de l’économie de l’attention.

Tout au long de cet échange, on veillera à rester prudent dans l’analyse de l’algorithme : d’une part, YouTube ne communique pas totalement sur la formule de son algorithme de recommandation, d’autre part, cet algorithme est en constante évolution.

YouTube présente ainsi le fonctionnement des vidéos recommandées : “ Nous prenons en compte de nombreux indicateurs, y compris votre historique de recherches et de vidéos regardées (s'ils sont activés), ainsi que les chaînes auxquelles vous êtes abonné. Nous tenons également compte du contexte de visionnage, comme votre pays et l'heure de la journée. Nous pouvons, par exemple, vous proposer des actualités locales pertinentes. Les systèmes de recommandation de YouTube évaluent également si les autres utilisateurs qui ont cliqué sur la même vidéo l'ont regardée en entier (signe que la vidéo est de qualité ou intéressante) ou s'ils ont cliqué sur la vidéo mais ont quitté la page peu après le début de la lecture. Par ailleurs, nous recueillons directement l'avis des utilisateurs sur des vidéos spécifiques et sur nos systèmes de recommandation à l'aide d'enquêtes aléatoires qui apparaissent sur leur page d'accueil ou ailleurs dans l'application. Grâce à ces commentaires de première main, nous pouvons affiner nos systèmes pour l'ensemble des utilisateurs”.

PHASE D’INSTITUTIONNALISATION

Séance 3 : Rédiger un bilan (15 minutes)

Lors de cette phase, on demande aux élèves de faire le bilan de l’activité : qu’avez-vous retenu ? Comment fonctionne YouTube ? Pourquoi YouTube propose-t-il un tel algorithme ? On demande aux élèves de rédiger un bilan en utilisant les mots indiqués au tableau.

Proposition de bilan :

YouTube est une plateforme qui diffuse des vidéos. Un algorithme de recommandation permet de proposer, sur la page d’accueil, des vidéos qui correspondent à nos centres d’intérêts et, sur la page de lecture de vidéo, des vidéos issues de la même chaîne ou traitant du même sujet ou d’un sujet proche. L’utilisateur se sentant ainsi satisfait peut avoir du mal à arrêter de regarder YouTube. La diffusion des publicités permet à la plateforme de gagner de l’argent.

PROLONGEMENT POSSIBLE

En prolongement, on peut s’intéresser au modèle économique de YouTube.

Ainsi on peut classer les différents formats d’annonces publicitaires : les annonces vidéo désactivables, non désactivables, les annonces bumper (de 6 secondes maximum), les annonces en superposition (bandeaux qui s’affichent dans les 20% inférieurs de la vidéo).

On peut aussi évoquer la formule YouTube Premium, service payant qui propose la diffusion des contenus sans publicités. Il s’agit alors de comprendre que la plateforme YouTube est une plateforme a priori gratuite, certes, mais lucrative. Si la plateforme cherche à satisfaire son utilisateur en lui proposant des contenus satisfaisants c’est aussi pour qu’il utilise davantage la plateforme et que les espaces publicitaires soient plus rentables.