Fred Dufour est un photographe de presse français, membre de l’Agence France Presse. Photojournaliste, il couvre de très nombreux événements sociaux et politiques dans différents pays et continents. Aujourd’hui basé à Pékin pour l’AFP, il est aussi co-fondateur de « Eyes on China Project », groupe de photographes qui documente ce pays. Ses travaux sont régulièrement publiés dans de nombreux journaux des pays occidentaux comme Le Monde, Stern (grand magazine hebdomadaire allemand), Time (grand magazine hebdomadaire américain), The Guardian (quotidien d’information britannique). Comme de très nombreux photographes professionnels, il possède un site personnel et diffuse ses photos sur Instagram.
Légende AFP
Des réfugiés Rohingyas débarquent au Bangladesh après la traversée de la rivière Naf, qui sépare le pays de la Birmanie qu'ils ont dû fuir. Teknaf, 30 septembre 2017. (AFP / Fred Dufour)
Photo d’ouverture du reportage commenté par le photographe, à la première personne et publié sur le Making of de l’AFP le lundi 16 octobre 2017 .
Les Rohingyas constituent une minorité musulmane de Birmanie, qui vit depuis des siècles dans l’État de l’Arakan (ouest de la Birmanie) , l’un des États les plus pauvres du pays. Ils sont musulmans, et leur religion est extrêmement minoritaire dans un pays pratiquant une intense foi bouddhiste. lls vivent sur un territoire dont les richesses naturelles (titane et aluminium) et l’accès au Golfe du Bengale et l’Océan Indien représentent un intérêt majeur pour les militaires au pouvoir et pour la Chine toute proche. On estime leur nombre à 1 million sur une population de 3 millions de personnes dans cet état. Au fil de l'histoire et des changements de frontières, ils ont été transférés de pays en pays (colonisation britannique des anciens royaumes, nouvelles frontières de 1937 (séparation de la Birmanie et de l’Inde), guerre d’Indépendance du Bangladesh en 1971). Depuis toujours méprisés et menacés, les Rohingyas n’ont aucun droit, pas d’accès à la citoyenneté ni à la protection (loi sur la nationalité de 1982, adoptée par la junte militaire qui a dirigé la Birmanie de 1962 à 2011). Depuis les années 1970, l’armée birmane a mené plusieurs actions militaires pour expulser et pousser les Rohingyas vers le Bangladesh voisin.
Durant l’été 2017 en Birmanie, dans l'État de l'Arakan, débutait une vaste opération de répression de l'armée birmane en réponse à l'attaque de postes de police par un groupe rebelle de la minorité musulmane Rohingya. Ces exactions, exécutions sommaires, massacres, viols, ont entraîné la fuite au Bangladesh voisin d’au moins 700 000 Rohingyas qui y vivent misérablement dans des camps de réfugiés. L'ONU, qui considère qu’historiquement les Rohingyas forment l'une des minorités les plus persécutées de la planète, dénonce « un nettoyage ethnique » et un « cauchemar humanitaire ». Interrogée à plusieurs reprises sur ces graves violations des droits de l’homme perpétrées contre les Rohingyas, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix pour sa résistance à la dictature militaire birmane et porte-parole de la Présidence de la République de l'Union de Birmanie depuis 2016, nie ces abus ou n’apporte aucune réponse. Aujourd'hui, la situation s'est relativement apaisée et un plan a été signé entre les deux pays prévoyant leur rapatriement. Mais à ce jour, rien n’est vraiment mis en œuvre dans ce sens.
Sur l’histoire des Rohingyas
Birmanie : Pourquoi tant de haine vis-à-vis des Rohingyas ? Géopolis-France Info, Laurent Ribadeau Dumas, article publié le 9 janvier 2017 et mis à jour le 11 mai 2017.
Dans l’Arakan, deux siècles de conflits entre les communautés, Libération, Laurence Defranoux, 18 septembre 2017
Le parcours chaotique des Rohingyas à travers l'histoire, Le Figaro, dossier infographie par Julien Licour, publié le 19 septembre 2017 et mis à jour le 1er décembre 2017.
Sur l’actualité des Rohingyas
Birmanie. Rohingyas : Les questions clés pour comprendre le conflit dans l’Arakan, Courrier international, publié le 8 septembre 2017 .
Jelena Tomic, Juliette Gheerbrant, Birmanie : Six mois après la répression, les Rohingyas toujours dans l'attente, RFI, article publié le 26 février 2018 .
Mais elle porte une nouvelle légende : « Un habitant du Bangladesh vient en aide à un réfugié Rohingya ». FRED DUFOUR/AFP qui propose une autre lecture de la photo. Cet article utilise aussi une deuxième photo de Fred Dufour : « Une femme Rohingya épuisée après avoir réussi à rejoindre le Bangladesh ».
Les autres photos utilisées dans cet article viennent d’autres photographes de l’agence Reuters. Elles représentent surtout des groupes, des foules d’hommes dans les camps de fortune, la distribution de nourriture, des enfants. La photo de Fred Dufour est ensuite surtout reprise par des blogs.
Photographies et représentation des réfugiés
Lire : Galloro, Piero-D., La mise en spectacle des réfugiés ou la figure des nouveaux monstres , Pensée plurielle, vol. 42, no 2, 2016, p 11-22.
Pour aller plus loinPour un travail à plus long cours, on envisagera des questionnements plus larges, mais récurrents :
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