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VALÉRY HACHE, INCENDIE DE FORÊT DANS LE VAR, PLAGE DE LA CROIX-VALMER, VAR, FRANCE, JUILLET 2017


LE PHOTOGRAPHE

Valery Hache est un photographe français né en 1962 à Rennes, où il a longtemps vécu et travaillé. Il exerce chez Reuters de 1986 à 1995. Parallèlement, il fonde "Mer et Mers", une photothèque d'images de mer. Il a été édité par les Éditions Nouvelles Images et les Éditions du Désastre. Deux monographies sont consacrées à la mer, les phares, le bord de mer, notamment Ile de Groix (1995). Il obtient le prix World Press Photo Nature en 1988 et rejoint l'Agence France Presse en 1995. Il vit et travaille actuellement à Nice.

Son activité professionnelle est très diverse. Par exemple, il couvre chaque année le festival de Cannes. Mais il peut aussi expliquer de façon détaillée dans le blog Making of de l'AFP, comment il a utilisé son smartphone pour rendre compte des deux attentats en France du 13 novembre 2015 et du 14 juillet 2016 . Une de ses photos, prise à la suite de ce dernier attentat de Nice (il a été parmi les premiers journalistes sur place), remporte le prix Bayeux-Calvados du “Regard des jeunes de 15 ans”. Dans Télérama, il parle des conditions de transmission des photographies et du travail d'édition.

Il couvre l’ensemble des informations locales et régionales (politique, faits divers, culture, sports). Il a également suivi des personnalités politiques lors des campagnes électorales présidentielles, mais il passe aussi beaucoup de temps à Monaco pour photographier la famille princière des Grimaldi.

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LA PHOTOGRAPHIE

Dans un reportage du 14 décembre 2017 de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, Valéry Hache détaille les conditions de réalisation de cette photo choisie parmi les dix photos de l'année 2017 par l'AFP et parle de ses publications dans des revues prestigieuses.

« J'aime particulièrement cette photo car elle a un côté French Riviera des années 70 par les gens sur la plage avec le fauteuil. Cette photo pour moi est informative : il y a la famille sur la plage, en vacances sous le soleil, avec l'incendie en arrière-plan. Donc pour une photo d'information il y a tout dessus : l'été, les vacances, la plage, la mer Méditerranée et l'incendie dont toute la France parle. »

LE CONTEXTE

Le 25 juillet 2017, plusieurs foyers de feux de forêts démarrent, particulièrement dans le Var et en Corse. Suite à un été très sec, 7208 hectares de végétation partent en fumée en l’espace de trois jours. À La Croix-Valmer, les flammes ravagent plus de 400 hectares. C’est une forêt particulièrement protégée pour sa faune et sa flore particulières, avec trois essences de pins et trois essences de chênes. Après cet incendie, il faudra environ 50 ans pour que l'écosystème retrouve son aspect initial. Pour compléter, entretien d'Audrey Le Guellec avec Michel Vennetier, ingénieur forestier et docteur en écologie et reportage vidéo après le passage du feu.

Les feux de forêt en Méditerranée

Le littoral méditerranéen français est caractérisé par une faune et une flore riches et particulièrement variées, mais très fragiles. La forêt primaire méditerranéenne existe à l'état de relique (voir Ressources ). De nombreuses zones sont sous protection, et d'ailleurs interdites d'accès par la préfecture aux moments les plus risqués. L'été 2017 est marqué par une sécheresse exceptionnelle ; de plus, les feux de forêt dans la région se propagent très rapidement lorsque le vent du nord - le mistral - porte les étincelles en provoquant des sautes de feu. Selon Prévention incendie, moins de 10 pour cent des incendies de forêt sont d'origine naturelle, et la plupart démarre à moins de 100 m d'une habitation.

Les statistiques sur les incendies de forêt dans la zone méditerranéenne française sont tenues depuis 1973 dans une base de données, “Prométhée”.

Usages médiatiques de la photo

La photo apparaît dès le 25 juillet 2017 dans de nombreux quotidiens régionaux français en ligne, comme la Voix du Nord ou Le Républicain lorrain, souvent dans des diaporamas qui illustrent la multiplicité des départs de feu. Elle est alors accompagnée d'une légende qui spécifie simplement la date et la localisation du feu, ainsi que le nom du photographe et l'origine AFP. Le traitement est celui d'un fait divers.

Une légende plus longue et interprétative accompagne un diaporama publié le 26 juillet par 20 minutes : La Corse et le Sud-Est en feu : « Une famille installée sur la plage regarde le feu se déployer dans la forêt de La Croix-Valmer près de Ramatuelle dans le Var, le 25 juillet 2017. 500 hectares de forêt vont brûler. On enregistre sept pompiers blessés légèrement et un brûlé au second degré. » Valery Hache/AFP.

Dans un deuxième temps, les nombreuses photographies prises par Valéry Hache ce jour-là sont intégrées dans des reportages qui mettent l'accent sur le combat du feu et les effets sur le paysage. Par exemple dans L'Obs, avec la légende :

"C'est une véritable catastrophe écologique", se désole René Carandante, premier adjoint au maire de La Croix-Valmer, dans le Var, où 400 hectares de forêt sont partis en fumée sous les yeux des touristes. Photo prise le 25 juillet. (Valery Hache/AFP)

Le Monde consacre un article à ce sujet dans sa rubrique Planète du 26 juillet 2017 et prend de la hauteur quant aux phénomènes de feux de forêt en Méditerranée, l'enjeu devenant alors écologique :

Un article publié la veille utilise une autre photo de Valéry Hache du même feu.

PROPOSITION D’ACTIVITÉS

Objectifs

  • Faire prendre conscience aux élèves qu'un fait divers médiatisé peut être traité sous divers angles.
  • Étudier la singularité de la prise de vue dans le contexte de l'événement.
  • Découvrir qu'une photographie permet des interprétations diverses selon le contexte de la publication : entre « marronnier » sur la page locale dans les régions touchées régulièrement et sujet national, voire international, la place des incendies peut changer de catégorie, passant du fait divers local aux enjeux écologiques mondiaux.
  • Réfléchir à la rhétorique de la photographie propre à ce type d’événements : forêts en flammes, combat du feu par les pompiers ou les canadairs, impact sur les habitations, spectateurs ou personnes menacés dans leur vie ou leurs biens, photos des dégâts (paysages calcinées, voitures ou maisons brûlées)
  • Étudier la dimension esthétique de la photo.

Activité 1 : Observation de la photographie

  • Première approche de la photo, analyse descriptive de l'image : les couleurs des éléments de paysage, sable et rochers noirs, bleu turquoise de l'eau, vert foncé de la forêt de pins et ciel rempli de fumée, feu rouge-orange ; les éléments humains : famille de vacanciers avec leur matériel de plagistes ; place centrale de la boule de feu au milieu de la forêt vers laquelle les regards convergent.
  • Composition : en trois tiers découpés selon trois plans horizontaux, plage et mer, forêt, ciel, avec un premier plan flou. Verticalité des personnes sur la plage et des flammes qui montent vers le ciel. Quel effet cela produit-il ?
  • Faire effectuer une recherche d'images des feux dans la région les 25 et 26 juillet 2017 : comparer et classer les images avec une approche narrative : au début, pendant le feu, à la fin les dégâts.
  • Se questionner sur la prise de vue : le photographe saisit-il le feu ou le regard commun des vacanciers ?
  • Quelles émotions se dégagent de la photo à partir des personnes présentes sur la plage (surprise, inquiétude – l'enfant sur les genoux de la dame) ? Quelles émotions sont provoquées par la photo auprès du spectateur ? Tristesse pour la forêt touchée, inquiétude pour les vacanciers inconscients, nostalgie face à la beauté du paysage et en contraste avec l'événement ?
  • Discuter d'une interprétation métaphorique de la photo : ne sommes-nous pas souvent installés confortablement, comme la famille dans la photographie, devant le spectacle médiatique du désastre, ne saisissant pas l'éventuel enjeu des dégâts à craindre ? Voir Abigail Solomon-Godeau, « Photographier la catastrophe », Terrain, 54, mars 2010, p. 56-65.
  • Intertextualité, mise en abîme : le photographe qui regarde et photographie les gens qui regardent le feu… On peut montrer les tableaux de Caspar David Friedrich, (article en allemand) : le spectateur qui tourne le dos nous symbolise et nous fait prendre conscience de notre contemplation (romantisme), mais au lieu d'une nature intacte, on observe le feu.

Activité 2 : les feux de forêt, fait divers de l'été

  • Demander aux élèves de collecter et d'amener des articles de faits divers/catastrophes naturelles de leur région, avec illustrations et légendes, les regrouper et les afficher dans la classe/au CDI. Commenter leur emplacement dans la presse (en Une, page 2/3 ou pages régionales/locales, crédits photos ?).
  • Recherches sur la gestion du risque : les feux de forêt en France ; étudier des cartes de localisation et de déplacement des feux.
  • Classement préfectoral
  • On profitera de cette séquence pour mener une réflexion ***/!\*** sur la fonction du fait divers dans la presse et dans la société (dimension culturelle et croyance). Par exemple, un accident de voiture pouvait encore faire les gros titres au début du XXe siècle. Aujourd'hui, quels sont les nouveaux faits divers ? Quels sont ceux qui révèlent le climat d'une société ? Et de quelle manière ?

Activité 3 : Élargissement

Les feux de forêt de l’été 2018 : le nord de l'Allemagne et la Suède ont été touchés par une sécheresse exceptionnelle et des feux de forêt touchent maintenant des zones épargnées jusque-là. Les feux de forêt dans les pays du Sud sont les signes d'une déforestation d'une autre nature : l'espace naturel doit faire place à l'agriculture, avec des conséquences sur la biodiversité locale mais aussi sur le climat mondial.

Pour un travail au plus long cours

  • Un travail sur les feux de forêt du point de vue de la gestion des risques dans le cadre du Socle Commun : « Au cycle 4, les élèves prennent conscience des risques, qu'ils soient naturels ou liés aux activités humaines, et en analysent les causes et conséquences naturelles et humaines »
  • Au lycée, « Gérer les espaces terrestres », avec la gestion du littoral et la notion de risques majeurs, est au programme de Seconde générale et technologique, « Les sociétés face aux risques » fait partie des programmes de Seconde professionnelle
  • Pour le primaire, une vidéo pédagogique sur le combat contre les feux de forêt

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