Le média scolaire ne doit pas être instrumentalisé à des fins disciplinaires, même s’il permet d’améliorer les compétences générales des élèves: lire, écrire, compter, s’exprimer, débattre, argumenter, synthétiser, organiser, etc. Il doit être avant tout un vrai média, destiné à des lecteurs avec lesquels dialoguer et qui repose sur le fonctionnement collectif d’une équipe de rédaction. Sa ligne éditoriale est définie par les élèves, selon leur goût et leurs centres d’intérêt. Parallèlement à la production de contenus, les élèves observeront les médias professionnels, (graphisme, ligne éditoriale, rubriques, genres journalistiques, iconographie, etc.), et découvriront leur fonctionnement (conférence de rédaction, métiers, notion de responsabilité, etc.). Avec le journal en ligne, ils réfléchiront à leurs usages sur la Toile et à l’écriture numérique: liens hypertextes, fonctionnalités sociales (les commentaires, etc.), infographies, narrations multimédia.
Plusieurs séances seront nécessaires pour cerner le média à créer et pour que chacun y trouve une place. L’analyse de la presse professionnelle (imprimée et/ou numérique) servira à établir une typologie des contenus sous forme de tableau. Identifier: signatures, colonnes, encadrés, couleurs, titres, sous-titres, photographies, dessins, schémas, etc. Noter ce que les élèves disent sur le tableau; introduire quelques mots du lexique journalistique. Mener des recherches sur les métiers exercés (cartographie de l’Observatoire des métiers de la presse ou des ressources de l’Onisep). Proposer aux élèves de choisir leurs rôles dans le journal: rédacteur en chef, reporter, rédacteur ou photographe, illustrateur, secrétaire de rédaction, maquettiste, animateur de communauté, etc. Prévoir un changement de rôles pour que chacun expérimente une place différente. Définir les rubriques du journal: les élèves feront part des sujets qu’ils souhaitent aborder lors d’une discussion collective. Mettre en place une conférence de rédaction. Ce rendez-vous régulier, propice aux débats, accentuera la tonalité collective du journal. L’ouvrir à des intervenants extérieurs, journalistes ou lecteurs.
Créer un blog, complémentaire du journal papier, permet de diversifier les contenus, d’offrir une plus large diffusion au journal et une meilleure réactivité à l’actualité générale ou à celle de l’établissement. Communiquer et étendre la diffusion du média: les réseaux (Facebook, Twitter, Instagram, etc.) contribuent à élargir le cercle des lecteurs. C’est l’occasion de travailler sur l’image du journal, de faciliter les interactions avec le public. L’animation de communauté fera l’objet d’un travail de groupe. Publier des contenus sur des plateformes de partage, puis les intégrer sur son média: du son avec SoundCloud, de la vidéo sur YouTube, Dailymotion ou autres. Inciter les élèves à proposer une utilisation pertinente de ces réseaux.
Les journaux lycéens disposent d’une réglementation spécifique qui permet aux lycéens, même mineurs, d’exercer la responsabilité de publication (Depuis janvier 2017, la loi « Égalité et citoyenneté » permet à tous les jeunes de plus de 16 ans d’être directeurs de publication). Les nouveaux programmes du lycée incitent fortement les lycéens à s’exercer à la prise de parole publique, en profitant des moyens médiatiques dont ils disposent. Les enseignants ont un rôle essentiel à jouer dans cette expérience pour amener les élèves à assurer la responsabilité de publication dans leurs médias. Quel que soit le projet de journal, le désir d’expression des élèves devra rencontrer le besoin d’information de leur public. Tout retour des lecteurs sera une occasion d’éducation pour toute la rédaction. L’enseignant encouragera les élèves à prendre en compte les réactions tant positives que négatives; le débat impliquera toute la rédaction; la déontologie sera interrogée, de même que la conformité des contenus du journal avec les lois sur la presse. Au fil des situations rencontrées, l’équipe de rédaction pourra élaborer une charte des droits et devoirs des journalistes lycéens. Elle s’appuiera sur les chartes professionnelles existantes et sur la charte des journalistes jeunes de l’association Jets d’Encre.
Pascal Famery, ancien formateur CLEMI