Pratiques informationnelles des adolescents : et si on avait tout faux ?
Deux études réalisées pour le CLEMI révèlent que la télévision joue encore un rôle central dans l’information des jeunes interrogés et que la recommandation des algorithmes des plateformes est un appui pour s’informer. Par ailleurs, 90% des élèves des filières professionnelles pensent que les séances d’éducation aux médias et à l’information les ont aidés à mieux repérer les infox et 61% des élèves en filière générale et technologique. Ces études ont été réalisées dans le cadre du projet européen DE FACTO 1 qui rassemble journalistes, chercheurs et pédagogues (Sciences Po, l’AFP, XWiki et le CLEMI) pour lutter contre les désordres informationnels.
Les données recueillies au cours de ces deux études déconstruisent un certain nombre de préjugés sur la réalité des pratiques informationnelles des jeunes à l’ère des plateformes et des réseaux sociaux numériques.
Les pratiques informationnelles des adolescents : vérification et désinformations.
3 résultats originaux sur les pratiques médiatiques des jeunes et leur rapport aux fake news
Sophie Jehel, professeure en Sciences de l’information et de la communication, Université Paris 8 - Laboratoires Cemti, Carism, et Jean-Marc Meunier, maître de conférences en Psychologie cognitive, Université Paris 8, Laboratoire Paragraphe, ont mené une enquête auprès d’élèves de 1ʳᵉ (filière générale et technologique) afin d’évaluer leur rapport à l’information.
- La télévision joue encore un rôle central dans l’information des jeunes : 43 % des lycéens interrogés s’informent par la télé.
- 3 profils coexistent chez les adolescents qui développent différentes stratégies pour vérifier l’information
- 90 % des élèves des filières pros pensent que les séances d’éducation aux médias (EMI) les ont aidés à mieux repérer les fakes news contre 61 % en filière générale et technologique
Cette première analyse quantitative souligne l’importance de donner à tous les adolescents au cours de leur scolarité une formation en éducation aux médias et à l’information (EMI). Une recommandation réaffirmée par la seconde étude, qualitative, portée par Anne Cordier.
Quand les adolescents racontent le smartphone.
Les leviers de la ressource éducative pour accompagner l’éducation aux médias et à l’information
Anne Cordier, professeure des Universités en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Lorraine, Laboratoire CREM, a mené un travail d’analyse compréhensive de pratiques auprès d’adolescentes et d’adolescents (entre 11 et 19 ans) à partir la bande dessinée Dans la tête de Juliette, une ressource pédagogique produite par le CLEMI.
Cette étude révèle que les adolescents ont plaisir à s’informer, malgré une actualité angoissante. De manière unanime, ils acceptent les recommandations des algorithmes des plateformes, qu’ils perçoivent comme un appui pour s’informer.
Cette étude préconise la mise en œuvre d’une EMI active, capable de créer des espaces de dialogue ancrés dans la vie quotidienne des jeunes, et qui mette en avant la joie et la chance de s’informer et la responsabilité citoyenne.
Ces deux études apportent des données essentielles pour comprendre les pratiques des adolescents d’aujourd’hui face aux enjeux posés par la désinformation.
Elles seront suivies d’autres travaux scientifiques dans le cadre de la seconde phase du projet DE FACTO pour mettre en perspective les enjeux de l’information à l’ère numérique en facilitant la vérification, l’analyse et l’éducation aux médias et ainsi promouvoir la qualité de l’information, la diversité du débat public, le développement de l’esprit critique et la régulation des plateformes numériques.