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Pierre Houdmond est enseignant et directeur de l’école de Douces à Doué-en-Anjou (académie de Nantes). De Radio Douces à Radio Doué, «la radio des petits futés», il raconte ici ce projet de radio scolaire, aujourd’hui étendu aux écoles avoisinantes.

ON A AIMÉ

« RadioDoué rencontre le père Noël » : des chansons festives et des questions espiègles

RadioDoué rencontre le père Noël

Où l’on découvre que le père Noël fait parfois des erreurs de cadeaux, qu’il s’est déjà brûlé les fesses dans la cheminée et que le reste de l’année il fait du surf à Hawaï. Dans cette interview décalée réalisée le 17 décembre 2021, les élèves de CE1-CE2 interrogent le Père Noël de passage à l’école de Douces et lui chantent quelques chansons.

***/!\*** « Est-ce que mes dents sont toutes pareilles? » : un défi scientifique et une pastille sonore efficace

Où l’on apprend que les molaires sont des grosses dents qui écrasent les aliments et que les canines sont des dents pointues qui arrachent. Nous faire connaître la dentition en une minute chrono, ce n’est pas mission impossible pour les élèves de Radio Doué.

***/!\*** « Est-ce que mes dents sont toutes pareilles? » : un défi scientifique et une pastille sonore efficace

Est-ce que mes dents sont toutes pareilles?

Où l’on apprend que les molaires sont des grosses dents qui écrasent les aliments et que les canines sont des dents pointues qui arrachent. Nous faire connaître la dentition en une minute chrono, ce n’est pas mission impossible pour les élèves de Radio Doué.

« Jeu sur la digestion » : un jeu instructif et une émission divertissante

Où l’on teste ses connaissances en 10 questions sur la taille de l’intestin grêle d’un enfant, l’utilité de la salive et le temps qu’il faut à un aliment pour parcourir le tube digestif. Si vous répondez bien, vous aurez droit à votre "diplôme de médecin” mais, dans le cas contraire, c’est “retour dans la classe pour réviser".

Jeu sur la digestion

L'interview

Pierre Houdmond, professeur des écoles à Doué-en-Anjou : « Travailler par projets, c’est vraiment très motivant »

Vous avez créé Radio Douces qui est devenue Radio Doué. Comment est née cette radio et quels en sont les objectifs?

Cela fait à peu près 5 ans que Radio Douces existe. Elle a été créée pour ma classe dans l’école de Douces, à destination d’élèves de cycle 2 (CE1-CE2). D’abord, j’avais un intérêt pédagogique: travailler sur la production d'écrits, travailler aussi sur la recherche d’informations, c’est toujours intéressant, et puis, une fois qu’on a produit un écrit, travailler sur les compétences orales. Est-ce qu’on le lit? Est-ce qu’on le dit? Cela dépend du moment de l’année et du niveau des enfants, mais tout le travail sur le passage à l’oral est très intéressant. Je me suis dit aussi que cela pouvait être un bel outil de communication: entre les enfants d’abord, mais aussi entre les enfants et les parents, puisqu’ils peuvent écouter avec le portable, avec l’ordinateur. Et puis après je me suis aperçu qu’ils en parlaient un peu autour d’eux: aux papis et mamies, aux voisins, aux gens qui habitaient autour. Et la radio, c’est aussi l'occasion de faire de belles rencontres. Récemment, on a reçu à l’école des aînés qui avaient entre 88 et 93 ans, qui ont accepté de venir nous voir. On leur a posé des questions sur leur enfance et c’est génial parce que des témoignages de gens de cet âge-là, les élèves ont peu de chances et peu d'occasions d’en avoir. On a aussi rencontré le maître-nageur qui nous faisait les séances de piscine, le directeur du théâtre. Enfin, la radio est aussi une bonne façon de mettre en valeur le travail des enfants et des collègues.

Quelle est la périodicité des émissions?

Je ne me suis pas donné de dates butoirs de productions d’émissions. C’est en fonction des projets. Des fois on en a plusieurs en même temps, des fois on n’en produit pas pendant 15 jours.

Comment choisissez-vous les sujets des émissions?

J’ai décidé de partir sur un thème de l’année, un peu comme on peut le faire en maternelle. Je trouve que l’idée est bonne, même pour le cycle 2. Cette année, par exemple, le thème c’est “Se nourrir”. J’ai essayé de trouver un thème un peu vaste pour avoir différentes entrées. On peut le travailler en histoire, c’est pour cela qu’on a reçu les aînés: qu’est-ce qu’on mangeait il y a 70 ans? Et pour manger on a besoin des dents: qu’est-ce qui se passe au niveau des dents? Pourquoi nos dents tombent-elles? Est-ce que nos dents sont toutes pareilles? Donc les thèmes d’émissions découlent du thème général et on va faire toutes les rencontres sur ce thème-là. Cela me permet de rester sur le programme et c’est ce qui nous porte sur l’année.

Comment préparez-vous les émissions avec les élèves?

Ils sont quand même petits, je les guide donc un peu. L’idéal, ce serait que cela vienne d’eux, mais ce n’est pas toujours facile à cet âge-là. Une fois que le sujet de l’émission est choisi, on répartit le travail et ils ont chacun une mission différente. J’ai un tableau avec la liste des missions. Il y en a qui vont peut-être seulement tenir le micro, il y en a qui vont poser les questions, il y en a qui vont essayer de trouver la vraie réponse (où vont-ils aller chercher l’information?), il y en a qui vont faire les remerciements et l’illustration pour le site. Et puis j’aime bien aussi mettre une partie un peu humoristique, en mettant des fausses réponses: il y en a qui vont s’occuper de faire des blagues, ce qui n’est pas forcément facile à cet âge-là. L'idéal, c’est que chacun ait une mission. Il arrive que certains n’en aient pas mais, au final, sur l’année, tous en auront eu. Pour les questions, ils s’organisent par deux souvent, en parlent ensemble, ils proposent leur question, l’écrivent et puis ils viennent me voir, on corrige ensemble la syntaxe, l’orthographe. Si possible, ce sont eux qui tapent leurs questions sur l’ordinateur. Après ils se préparent, apprennent leurs questions par coeur, y donnent une tonalité personnelle… Quand ils sont autonomes, quand je peux me mettre à l’extérieur, les regarder et que ça tourne tout seul, je me dis que j’ai fait du bon travail, c'est qu'on est prêts.

Les formats des émissions de Radio Doué sont très courts: comment avez-vous choisi ce format? Avez-vous essayé d’autres formats auparavant?

J’ai choisi le format très court pour plusieurs raisons. D’abord, ça s’écoute facilement, ce qui est quand même l’objectif d’une radio. Et c’est aussi plus facile à faire. Au début, je m’étais embarqué sur des formats longs et là c’est infaisable parce que c’est long à monter. Un format court, c’est aussi un peu moins de travail, donc on va pouvoir en faire un peu plus. Et pour les enfants, c’est beaucoup plus concret aussi: si on part sur un long projet et qu’on n’a le rendu que 3 mois après, à cet âge-là, à 7-8 ans, ce n’est pas très concret. Moi, je me donne une date: à partir du moment où on a enregistré, il faut que ce soit diffusé pas très longtemps après. Sur les petites pastilles qui sont des réponses à des questions d’histoire, de sciences, j’aime bien le format 1 minute. Quand on rencontre quelqu’un, j’essaie vraiment de réduire le format aussi à 3-4 minutes grand maximum parce qu’après c’est pénible à écouter. Mon objectif premier c’est que les enfants écoutent. Par contre cela demande un peu de montage pour moi parce que, forcément, un entretien ne dure pas 4 minutes. C’est là que l'exercice est plus difficile; c’est pour ça que je crois que c'est quand même un travail d’adulte.

Avec quoi faites-vous le montage?

J’utilise Audacity, un logiciel gratuit, qui me semble, à moi qui ne suis pas professionnel et qui suis autodidacte, facile à utiliser. Avec quelques bases de copier-coller-couper, on s’en sort assez rapidement. Il y a pas mal d’enseignants qui l'utilisent sur les fêtes d’école donc c'est un logiciel qui est utilisable assez facilement, et c’est pour ça que je l’ai proposé à mes collègues des autres écoles.

Comment Radio Douces est-elle devenue Radio Doué, une radio étendue à plusieurs écoles?

Comme c’était un outil intéressant, je me suis dit que cela pouvait être pas mal de le proposer aux autres collègues de la commune. Avoir un projet commun avec les autres écoles, ça c’était super. Cela représente pas loin de 700 élèves. On s’aperçoit que c’est vraiment sympa de pouvoir écouter des émissions d’autres écoles qui sont à côté, sur des projets différents. C’est à la fois un outil de communication entre les écoles et un outil pédagogique que je trouve intéressant. Partir sur un thème commun comme on le fait dans une classe ou dans une école c’était infaisable, c’était une usine à gaz. Donc on est parti sur des rubriques communes. A Radio Doué, il y a des rubriques : “la minute pour la science”, “rencontres”, “un geste pour la planète”... Chaque collègue peut mettre son émission dans la rubrique qui correspond.

Vous, en tant qu’enseignant, que retirez-vous de ce projet de radio scolaire?

Depuis que je fais cela, j’ai augmenté ma motivation. Comme on fonctionne par projets, peut-être un peu comme des journalistes, on se lance des défis, avec de nouveaux types d’émissions, des nouvelles personnes qu’on va rencontrer, on est ensemble dans la même équipe et c’est très très motivant pour moi. C’est aussi satisfaisant de pouvoir communiquer sur notre travail de classe et d’avoir des retours. Mais le plus important, c’est vraiment de travailler par projets, ça c’est vraiment très motivant!

Qu’est-ce que cela apporte aux élèves?

Le gros avantage, c’est qu’on peut donner des missions différentes à chacun en fonction de son niveau scolaire et chacun s’y retrouve. Sur la production d’écrits, pour des CE1 en début d'année, on va peut-être faire un peu de dictée à l’adulte: c’est eux qui vont dire le texte mais on va les aider, on va l’écrire et après ils vont le lire. On peut vraiment adapter les missions au niveau de chacun. Je pense que c’est intéressant pour les enfants parce qu’ils sont toujours dans le projet. Si on va rencontrer quelqu'un, ils sont investis, il n’y en a pas qui vont se rouler par terre quand on va interroger quelqu’un. Ils sont motivés, investis dans un projet commun.

Quel conseil simple pourriez-vous donner à un enseignant qui voudrait se lancer dans la radio?

Si j’ai un conseil, ce serait peut-être de rester sur des petits objectifs au début et sur un format court, vraiment super court. Et peut-être ne pas commencer par interviewer quelqu’un. L’interview, c’est difficile, parce qu’on ne sait pas ce que l’autre va répondre, c’est un peu plus aléatoire, et on ne sait pas combien de temps cela va durer. Et je trouve que l’exercice est beaucoup plus difficile aussi dans le montage. Alors je pense que, pour commencer, il faut partir tout simplement sur une notion qu’on a travaillée en classe, peut-être avec une ambiance sonore en plus. On peut s’amuser à rajouter du son, faire des blagues pour donner une mauvaise réponse mais en tout cas partir sur des choses simples et puis après, si ça marche, on peut s’amuser.

Propos recueillis par Sophie Gindensperger et Maud Moussy le 17/12/2021

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